Vous avez dit "headless" ?

Littéralement, "headless" signifie "sans tête". Mais pris dans le contexte d'une application Web, il signifie plutôt sans interface utilisateur.

En effet, ce qui compte le plus dans un LMS "headless", ce n'est pas son interface utilisateur, mais ses APIs, c'est à dire les services Web que le LMS met à la disposition d'autres applications. Nous allons voir pourquoi dans un instant.


Un LMS invisible ?

Si le LMS n'a pas d'interface utilisateur, il est invisible pour l'utilisateur. Mais comment peut-on utiliser une application que l'on ne voit pas ?

Au lieu d'offrir une interface dédiée, le "headless LMS" est intégré aux applications du quotidien : le portail d'entreprise, les outils collaboratifs (ex. Teams, Slack, etc), les documentations techniques, etc. Plutôt que de naviguer dans un LMS pour y chercher des ressources, l'apprenant dispose directement de liens pertinents dans son environnement de travail.

Car c'est bien son intérêt. Le LMS doit offrir des points d'entrée ciblés là où ils sont le plus utiles, intégrés au workflow de travail de l'apprenant. C'est d'autant plus important que l'on parle de formations courtes (micro-learning), déclenchées au moment du besoin (just-in-time), dans l'environnement de travail (on-the-job).

Notez que la paternité du concept de "LMS invisible" revient à Andy Wooler et que l'expression s'est depuis largement popularisée.


Context is king

L'expression "context is king" n'est pas nouvelle mais elle prend ici tout son sens. Puisque le LMS "headless" s'intègre aux applications du quotidien, il a des indications sur l'environnement de travail de l'apprenant et peut en tenir compte pour suggérer des ressources appropriées.

Par exemple, imaginons qu'un LMS "headless" soit intégré à la plateforme de gestion des ventes utilisée par les commerciaux. En fonction des centres d'intérêt des commerciaux (peut-être de leurs spécialisations), le LMS pourra suggérer des micro-formations sur les nouveautés produits pertinentes.

Autre exemple, imaginons qu'un LMS "headless" soit intégré à la documentation technique utilisée par des techniciens. Lorsque le technicien consulte la documentation relative à un équipement, le LMS peut proposer des micro-formations liées à la maintenance ou à la réparation de cet équipement.

Le "headless LMS" utilise potentiellement toutes les informations associées à l'apprenant : contexte de travail, habitudes, historique, etc. C'est donc un LMS centré sur les données.


Stratégies de push

Parmi les approches les plus efficaces qu'un "headless LMS" puisse adopter, il y a les stratégies de "push". Au lieu de s'intégrer visuellement aux applications utilisées par l'apprenant, le LMS utilise des canaux de communication afin de pousser des propositions.

Là encore, il utilise les canaux les plus appropriés en fonction des habitudes de l'apprenant : l'email, les notifications sur mobile, les systèmes de Chat de l'entreprise, etc. Et bien sûr, il tient compte d'informations contextuelles pour affiner ses propositions.

Par exemple, un technicien qui doit intervenir sur un chantier pour un dépannage recevra la veille, par email, une sélection de ressources traitant de la réparation des équipements concernés. Pour cela, le LMS aura exploité l'agenda du technicien et les données issues du système de gestion des interventions.


Des contenus headless ?

Certains contenus pédagogiques peuvent aussi être qualifiés de "headless", dans le sens où ils sont délivrés de manière brute, structurée, mais sans mise en forme précise. Là encore, la mise en forme dépendra du contexte et du canal de diffusion.

Cette approche est héritée du monde du marketing où la notion de headless CMS est maintenant largement répendue. Elle répond à un besoin de communication multicanal. A titre d'exemple, un article de blog sera présenté différemment selon qu'il sera diffusé par email, présenté sur une App mobile ou répliqué sur une plateforme de podcast (via text-to-speech).

Encore une fois, le monde du marketing est précurseur et influence largement celui du Digital Learning.